
Sur le versant sud de l'Etna, l'agglomération de Catane et ses trois cent mille habitants entretiennent un culte singulier au volcan le plus actif d’Europe et honorent avec dévotion leur protectrice Sainte Agathe. Ici, le volcan est féminin, il est la mère, la piu bella montagna, la plus belle montagne. Plus on monte vers le cratère plus le tumulte des avenues laissent la place à un paysage brut. Même s'il est souvent masqué par les nuages en ces mois d’hiver, le volcan est partout. Il est présent dans les moindres détails, il se manifeste dans les matières, les regards, dans les couleurs et les rituels. Il ne fait qu'un avec ceux et celles qui l'appellent par son nom. Tel un membre de la famille, source du feu destructeur et surtout bienfaisant, symbole de vie et de mort, c’est un élément indispensable de leur identité.
La réputation sulfureuse des quartiers populaires de Catane est probablement en relation avec le caractère impétueux du volcan qui surplombe la Mer Ionienne. Le cône volcanique de l’Etna domine le paysage de la Sicile orientale et constitue une référence visuelle et géographique. Le volcan influe sur la vie dans un mouvement permanent, au grès de ses respirations jusque dans l'humain, dans la frénésie quotidienne nécessaire à la survie car ici le temps est incertains. L'humain s'adapte, il sait que c'est temporaire et vit chaque jour comme si c’était le dernier. Pour mieux capter l’essence même de cette relation, je me suis immergé dans l'agitation du quotidien, j'ai arpenté le territoire à me perdre et côtoyer la ferveur. Chercher partout l’aura du volcan, rendre compte d’une réalité bien plus sauvage que l’apparence romantique des façades baroques, se confronter à la dualité qu'il provoque. Les quartiers populaires ont toute mon attention. Dans ces univers, tout jaillit sans prémices, tout se vit dans l’instant.
"Pour faire de l'ordre il faut d'abord toucher le fond du désordre" Goliarda Sapienza, militante féministe et anticonformiste ... à son urgence de vivre.















