"La roche est à nue, le relief ressemble au dos d'un vieux chien pelé. Le printemps a été une explosion de vie. Les couleurs ont envahie le paysage. Les papillons dans le vent par milliers, les abeilles sont de retour.Les éclaircies provoquées par l'incendie révèlent de nouveaux fragments de la relation plus que millénaire entre de l’humain et ce territoire."
Dans le sud-est de l'Aveyron, les stigmates sont toujours présents après l’incendie survenu en août 2022. Située sur la point sud du Causse de Sauveterre et des gorges du Tarn, la commune de Mostuéjouls est profondément meurtrie par les ravages du feu.
Conséquences de la vague d'incendies qui a touché toutes les régions de la France métropolitaine, certains massifs sont dévastés et l'espoir que la végétation retrouve son état antérieur s'éloigne peu à peu.
Comme une catastrophe n'arrive jamais seule, les dégâts de la Pyrale du Buis, dont la chenille se nourrit exclusivement de buis, n'épargne pas une écosystème déjà en tension. Importée accidentellement d’Asie, elle n’a pas de prédateur connu à ce jour en Europe et se multiplie exponentiellement même à des altitudes comme le causse Sauveterre à plus de 900 mètres en raison du réchauffement climatique.
D'origine accidentelle ou intentionnelle, les départs de feux sont souvent le résultat d'une intervention humaine. Les dégâts subis par le paysage sont vécus comme une agression. Entre un ciel surexposé et une terre brulée, aller à la rencontre de ces territoires isolés semble être une expédition post accident nucléaire.
Les habitants continuent de croire en leur environnement et pour certains l'attachement à la terre est plus fort que tout. C'est aussi parfois tout ce qui leur reste.
Pourtant les brûlages sont utilisés depuis la nuit des temps, tout comme le rapport au feu dans son utilisation, permettant l'essort des espèces hominidés. Une relation passionnelle qui transcende son existence même.