« Le sommeil, du fait de l’état physiologique qui lui est associé, entraîne une altération de la conscience du monde extérieur et réduit fortement les possibilités d’adaptation et de réaction face à d’éventuelles menaces. Le dormeur se retrouve donc dans un état de vulnérabilité, à la merci d’éventuels prédateurs ou de menaces en tous genres, même si aujourd’hui, contrairement à nos lointains ancêtres par exemple, nos habitations constituent un abri relativement sûr. »

Etienne Baldayrou / Quand le sommeil devient le lieu d’expression d’un état de vulnérabilité - Extrait Actes n°5 - Revue Doctorales 58​​​​​​​
Les migrants ont un parcours erratique ne permettant pas toujours de pouvoir se loger décemment faute de solutions pérennes.
Dans les premiers jours de leur arrivée sur le territoire, certains ont connu la rue d'autres l'intérieur exigu et inconfortable d'un véhicule, seul ou en famille.
Le besoin d'être en sécurité pour dormir est vital pour ceux et celles dont les démarches le plus élémentaires du quotidien demandent des efforts disproportionnés. 
La qualité de leur sommeil influe sur leur capacité à affronter un lendemain toujours incertain.
Lors d'une mise à l'abri, quelque soit le procédé, légal ou illégal, le lit est l'élément mobilier qui suscite le plus d'attention et la chambre est souvent la seule pièce à vivre, parfois à partager dans la promiscuité la plus totale.
Pourtant c'est dans ces conditions que la plupart des migrants et réfugiés évoluent dans une société qui peine à les intégrer malgré leur motivation et surtout leur détresse.
La mise en scène évoquant le sommeil, dans un abandon total à l’acte photographique , cherche à traduire le sentiment de fatalité et de vulnérabilité dans leurs parcours.
La condition de précarité sociale des personnages est mise en perspective grâce à la distance esthétique opérée par l'évitement du face à face.
Il est aussi une protection pour le sujet photographié dans une situation administrative délicate. 
Cette construction de l’espace interne de la photographie joue sur la relation entre visible et invisible et cache partiellement la figure humaine et le sens de l’image pour le spectateur.
Les intérieurs vides attestent de la dimension sociale de la chambre, parfois réduite à sa plus simple expression, reflet des rapports humains et des enjeux du quotidien.
Back to Top